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Les constellations mouvantes de Dyana Gaye
A propos du film Des Etoiles, de Dyana Gaye
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Doublement primé lors du festival Premiers Plans d’Angers (il a reçu le Prix du Public et partage le Grand Prix du Jury avec L’Armée du Salut d’Abdellah Taïa), le premier long-métrage de Dyana Gaye, Des étoiles, est l’une des belles surprises cinématographiques de ce début d’année. Le film conte, avec délicatesse et élégance, les destins croisés de trois « exilés » sénégalais : Sophie, une jeune fille opiniâtre et scrupuleuse, débarque à Turin pour tenter de retrouver son mari Abdoulaye ; mais celui-ci a déjà quitté l’Europe, s’endettant auprès de passeurs pour tenter sa chance dans les docks de New-York. Quant à Tierno, né aux Etats-Unis, c’est un jeune musicien de jazz qui à l’occasion de la mort de son père foule le sol africain pour la première fois de sa vie, s’immergeant dans la branche dakaroise de sa famille. Dans chacune de ces trois villes – reliées en un triangle migratoire qui évoque subtilement la mémoire du commerce esclavagiste – les trois exilés apprennent à composer avec les usages locaux, se confrontent aux mille visages du nomadisme contemporain, s’émerveillent des lumières de la ville ou s’abîment dans les rugosités du monde. C’est le grand talent de Dyana Gaye d’avoir su filmer ces trois parcours sans misérabilisme ni jugement moral ou idéologie. Tout exil est une quête, mot qu’on prendra ici sous sa double acception : supplication d’une aumône et recherche d’une vérité supérieure. Merci à Dyana Gaye d’avoir su mettre des visages sur ces trois constellations mouvantes : ceux qui partent, ceux qui restent, ceux qui accueillent.

Bruno DENIEL-LAURENT

Marianne - février 2014

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